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446 JOURNAL DE HENRI III.
Le samedy d'après les barricades, ayant sçu les nouvelles que Sa Majesté étoit sortie de Paris, et qu'elle avoit pris le chemin de Chartres, je commençai à suivre sa piste, et l'y fus trouver le lundy ensuivant, où je me présentai à lui. Il me demanda quel jour J'étois sorti. Je lui dis que ç'avoif été la veille des barricades, suppliant Sa Majesté avoir pitié de moi; que J'étois le premier de ses serviteurs qui, pour son service, avoit été contraint d'abandonner Paris; que je n'a vois pas un sol, et cependant avois été forcé de laisser à l'abandon de la Ligue ma femme et mes enfans. Sa Majesté dit lors tout haut qu'il étoit fâché de ce qu'il n'avoit mieux crû mes avis et plutôt, et qu'il en avoit reconnu la vérité, mais trop tard; que les traîtres l'avoient abusé. Je lui fis réponse que c'étoit à mon grand regret, et qu'il n'avoit tenu à moi. Il me commanda lors de le suivre, et d'avoir l'œil sur ceux que je verrois autour de lui : qu'ils ne fussent du parti de la Ligue; et commanda à Richelieu de me donner forces quand je lui en demanderois, pour les prendre prisonniers. Et ai toujours suivi Sa Majesté, jusqu'à ce qu'il plust à Dieu l'appeller, qui a été trop tôt pour moi et pour plusieurs : pour quoi je prie la divine bonté lui faire paix. Amen.
Il y en a beaucoup qui quitterent le parti de la Ligue lorsqu'ils virent qu'on avoit failli à prendre Sa Majesté le jour des barricades, qui étoit le premier et principal dessein des ligueurs, et une de leurs fautes remarquables , qu'ils pensèrent recouvrer aux Etats de Blois. Mais ils firent encore plus mal leurs affaires.
Je ne mettrai ici les autres signalez services que j'ai faits à Sa Majesté depuis son départ de Paris, tant à
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